Moi qui aime la
typo et l’Histoire, je ne pouvais pas passer à côté de cet article partagé sur
facebook sans vous en faire profiter.
C’est un article
sur l’histoire de 6
« PETITS » SIGNES TYPOGRAPHIQUES (petits, mais néanmoins indispensables)
que sont l’arobase, le hashtag, la virgule, le point d’exclamation, l’esperluette
et le slash…
Et j’ajouterai, insolente, dommage, que cet article ne parle QUE
de 6 signes !
Oui, j’entends
déjà un certain pré-ado de 14 ans s’esclaffer qu’attention, on frôle le buzz, qu’on
est à la limite de casser internet !
Là, je dis que,
justement, grâce à internet, certains « ressurgis-des-temps-anciens »
(Prononcez avec un ton de présentateur de l’ORTF, ça fait sourire le pré-ado) qu’on
croyait oubliés, prennent ici leur petite revanche.
Alors, VIVE LES MOINES COPISTES, vive l’esperluette (ma préférée
et qui plus est, inspiratrice d’& Other Stories), vive le point d’admiration et surtout bonne
lecture !
6 petites histoires de signes
« Vous les voyez et les touchez quotidiennement sur les claviers
d’ordinateur de tablette et de smartphone, mais connaissez-vous vraiment ces
caractères typographiques indispensables à notre communication digitale ? Un
récent ouvrage en anglais, « Glyph » (éditions Cicada), en rappelle les
origines passionnantes et les usages. Focus sur six d’entre eux.
LE HASHTAG
Origine : XIVe
siècle
Fonction : identification
des thèmes dans les fils de discussion Twitter
Il vient du latin « lb », abréviation de
« libra pondo » (poids d’une livre) – aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, il
représente toujours l’unité de poids. Les deux lettres étaient écrites d’un
seul tenant et barrées pour éviter l’équivoque entre la lettre « l » et le
chiffre « 1 ». Leur déformation progressive a donné naissance au #, que l’on confond souvent avec le
dièse. A la fin des années 60, le croisillon est récupéré par les
ingénieurs de Bell pour leur téléphone à clavier : il sert à séparer les
numéros et prend le nom d’« octothorpe »,
en hommage à l’athlète américain Jim Thorpe. Il ne sortira de la
confidentialité qu’avec Twitter. Le designer Chris Messina le propose en 2007 pour les fils de discussion à
thème, au départ sans succès : les fondateurs du réseau le jugent trop
technique ! Les 117 millions d’abonnés qui publient chaque mois des tweets le
font entrer dans le vocabulaire courant. Par exemple, «#lol » (« laugh out
loud », « mort de rire ») est en vogue chez les ados pour moquer une blague
ratée.
LA BARRE OBLIQUE (LE SLASH)
Origine : Moyen-âge
Fonction : symbole
de séparation
Ce signe de séparation tire son nom de
l’ancien français : « esclachier » – devenu par la suite « esclater » – qui
signifiait « briser », « voler en éclats ». Au Moyen-âge, la barre oblique
était couramment utilisée dans les manuscrits pour séparer les mots d’une
phrase, à la manière de notre virgule moderne qui l’a progressivement détrônée.
Aujourd’hui, son usage le plus courant consiste à indiquer un choix binaire
dans les formulaires administratifs : « Monsieur/Madame », « Oui/Non »,
« Question/Réponse ». Dans certains cas, le slash peut aussi marquer une opposition
de manière plus littéraire et appuyée que le discret tiret : « une relation
d’amour/haine ». Il figure plus mathématiquement dans certaines unités de
mesure ou ratios économiques courants comme « km/h », « mètre/seconde »,
« PIB/habitant ».
L’ESPERLUETTE
Origine : IIe
siècle av. J-C.
Fonction : symbole
d’association entre deux mots
L’esperluette (&) vient du « et »
latin. Elle est née de la même manière que le hashtag : de la ligature du « e »
et du « t » en latin qui, à l’usage, ont fusionné pour ne former qu’un seul
signe. Certaines sources attribuent sa paternité à Tiron, le secrétaire de Cicéron qui inventa une première méthode de
sténographie au IIe siècle av. J-C. D’autres à Alde Manuce, un imprimeur-libraire de
Venise qui marqua l’histoire en réduisant le format – et le coût –
des ouvrages disponibles sur le marché inventant en quelque sorte le livre de
poche ! Sa signification est demeurée inchangée au cours des siècles et elle
est commune à de nombreuses langues. Particulièrement utilisée dans le business
et la publicité, elle est présente dans de nombreux logos : Procter & Gamble,
H & M. Fort élégante, l’esperluette a été choisie par la chaîne suédoise pour sa collection haut de gamme :
& Other Stories.
L’AROBASE
Origine : Moyen-âge
Fonction : signe
de séparation dans les adresses mail
Contrairement à une idée reçue,
l’arobase (@) a vu le jour bien avant le langage informatique. Selon certaines
sources, les moines copistes y recouraient dès le Moyen-âge comme symbole de
« ad » (vers). D’autres y voient un dérivé du terme castillan et portugais
« arroba », qui désignait un quart de quintal. Dès le xvie siècle, il sert d’ailleurs d’unité de
volume pour les liquides. Au XIXe, il est employé aux Etats-Unis
pour exprimer le prix des marchandises. « 2 livres à 1 dollar pièce »
s’écrivait « 2 books @$1 ». Mais, c’est en 1972 que l’inventeur du courrier
électronique Ray Tomlinson en fait
la star de la typographie en le choisissant comme signe de séparation dans les
adresses mail. Il est aujourd’hui si populaire qu’on lui donne de sympathiques
petits noms dans plusieurs langues : « escargot » en italien, « bâton de
cannelle » en suédois ou « queue de singe » en néerlandais.
LE POINT D’EXCLAMATION
Origine : XIVe
siècle
Fonction : expression
de sentiments marqués
Un temps appelé « POINT D’ADMIRATION », ce signe exprime des sentiments
intenses : surprise (« oh ! »), ordre (« halte ! »), exaspération (« zut ! »),
etc. Certaines sources le font remonter au latin « io » lorsque cette
exclamation de joie s’écrivait verticalement. D’autres y voient la
transposition d’une notation musicale. Sa première utilisation connue se trouve
dans le manuscrit De nobilitate legum et medicine de 1399, du
Florentin Coluccio Salutati, qui
inventa également les parenthèses. Son côté emphatique a longtemps été décrié
par les écrivains. Pour Francis Scott Fitzgerald, recourir au point
d’exclamation revient à « rire de ses propres plaisanteries ». Mais,
ce mal-aimé bénéficie d’un retour en grâce sur les réseaux sociaux, où l’on
donne libre cours à ses émois. Yahoo ! en a fait une partie intégrante d’un
logo que ses fondateurs souhaitaient « fantaisiste ». Le site a décidé, en
2013, de l’incliner de 9 degrés pour accentuer encore son caractère
primesautier.
LA VIRGULE
Origine : IIIe
siècle av. J-C.
Fonction : marque
de séparation ou de fractionnement
Elle vient du grec
« komma » qui désigne une courte pause. Dès le IIIe siècle av. J-C., le grammairien et critique grec Aristophane de Byzance – qui passe
pour l’inventeur de la ponctuation – en introduit l’utilisation. Elle sert
alors à indiquer les arrêts à marquer lorsqu’un orateur lit un texte, de
manière à ce qu’il puisse reprendre sa respiration. Avec le passage à la langue
écrite, la fonction de la virgule s’est modifiée et codifiée : elle sert à
fractionner une phrase en groupes de mots pour la rendre plus compréhensible.
Dans une énumération, la virgule marque la séparation entre différents
éléments. D’ailleurs, elle est souvent utilisée dans les courriels pour séparer
plusieurs adresses auxquelles est envoyé un même message. Parfois, joliment,
elle met un adverbe en valeur en début de phrase en l’isolant de la suite du
propos… »
6 petites histoires de signes, Audrey
Leroy pour Les Echos Week-End