lundi 11 juin 2012

L'ECRIVAIN ET LA SCIENTIFIQUE

Un homme entend parler de cette femme qui, un jour d'août 1988, commence une expérience qui va durer 4 mois et qui consiste à s'isoler dans une grotte, avec comme seuls contacts extérieurs, une équipe scientifique réduite au strict minimum, entourée seulement d'outils et d'appareils capables de mesurer les réactions de son corps. (Mesures de son activité cardiaque et cérébrale, tests de vigilance, etc. ...) Elle lit, écrit, s'écoute durant cet enfermement volontaire.

L'homme est étonné et grandement impressionné par cet acte au point qu'il décide de tenter lui aussi l'expérience dans son appartement parisien, se coupant du monde pendant un an. Plus aucun contact avec l'extérieur. Rien d'autre que le son de sa voix et de ses pensées.

Au bout de quelques mois, il se met à écrire et le 365ème jour, sort de son isolement. Renoue doucement avec la vie et sort avec une amie qui l'emmène dîner. Le même soir, la scientifique, alors elle aussi revenue à une vie sociale "normale" depuis plus d'un an, décide de mettre fin à ses jours.
On la retrouve morte dans sa voiture, garée dans la rue du restaurant où dîne l'écrivain.
Cette expérience d'enfermement, de total isolement a provoqué sur ces deux êtres, connectés, je le crois, deux réactions opposées.

La scientifique est morte, l'écrivain est né.

Cette condition de solitude extrême a fait sortir ou révélé leur intérieur. Je me pose la question : Cet intérieur doit-il s'exposer ? Ou sa révélation provoque-t-elle un choc si fort que cela nous mène à la folie ? L'isolement et les questions qui s'ensuivent mènent-elles à une folie qui peut conduire au suicide ?
Nous ne sommes pas des êtres réversibles. Nous sommes des êtres "déséquilibrés, bancals et fragiles" comme dit cet écrivain et certains le cachent mieux que d'autres. Les uns peaufinent leur armure et leur bouclier tandis que d'autres ont l'honnêteté et le désespoir de se montrer tels qu'ils sont sans dissimuler leur fêlure, la blessure par lesquelles passent leurs tripes. Ils tiennent alors en équilibre.
Les gens fêlés tiennent en équilibre.


http://www.franceinter.fr/emission-eclectik-philippe-jaenada-0

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