mercredi 1 février 2012

MA VIE, COMME UNE ROBE A PAILLETTES

Quand j’achète une robe à paillettes, c’est léger. Je me fais plaisir, c’est simple. Par hasard, je me retrouve dans cette cabine d’essayage, comme ça juste pour voir. Je ne suis pas sortie faire les soldes pour trouver ABSOLUMENT une robe à paillettes. J’avais juste RDV avec mon garagiste, à l’aube à l’autre bout de Paris, et une fois le rancart terminé, histoire de ne pas rentrer chez moi tout de suite, je reste à me balader.
 
Quand j’essaye une robe à paillettes, je tente de calmer la tempête qui se déchaîne sous mon crâne, je fais taire toutes ces questions qui se soulèvent sur la nécessité de cet achat :

 
-        Est-ce bien raisonnable ? Allez, vu le prix, ça vaut pas le coup de s’en priver... mouais, mais, j’ai davantage besoin d’une nouvelle sauteuse, d’une vraie cafetière ou d’un robot de ménagère. OK, c’est moins sexy.
 
-        Et pour quelle occasion ? Au bureau ? Naaaaaaaan !!!! Elle va rester dans l’armoire. Tu te laisses influencer par toute cette frénésie d’achat, de consommation, tous ces -50, -70% te tournent la tête !

-        Enfin, t’as l’air de quoi, là-dedans ?

 

LA MOUE.

 
Quand une robe à paillettes me va, quand finalement, je me sens bien dedans, alors oui, je l’achète, je cède au superflu. Pour le moral et pour récompenser toutes ces semaines de courgettes-haricots verts, même si j’adore ça.
Je me dis un jour, si l’occasion se présente, hop ! Je sors, ma robe à paillettes. Parfaite pour un mariage ou justement pour le prochain Réveillon du Nouvel An.
Il y a de grandes chances qu’elle reste dans le placard, OK. C’est pas grave, je sais qu’elle est là, c’est psychologique.

 
Quand j’achète une robe à paillettes, j’oublie, c’est une bouffée d’air. Ça ressemble à un sourire, à une vieille pub Hollywood-chewing-gum. Je ne me torture plus à l’idée que :

-        Jamais je n’écrirai de bouquin,

-        Jamais je ne battrais le record de Loïc Peyron,

-        Jamais je ne vivrai dans un château en Ecosse, et que sans doute, je vais devoir passer encoooooore quelques années sous ma mezzanine,

-        Jamais, je ne montrais ma petite agence de com’ ou de je ne sais quoi, (pourtant je réfléchis, je réfléchis) et que je devrais m’estimer heureuse d’avoir un boulot à l’heure qu’il est.
 
-        Que je ne suis pas LE GRAND SAGE que je pensais être ou devenir à mon âge, et que « toute ta vie, la vie, tu apprends »

-        Que cette famille, finalement, faut pas la vivre comme un boulet à la cheville, mais comme un ballon qui s’échappe et qu’on lâche enfin.

 
Quand je n’achète pas de robe à paillettes,


-        J’envisage, je souris à l’idée d’un week-end au Bois-Plage aux premiers beaux jours, respirant les embruns, profitant des jolies ruelles parsemées de roses trémières et des pistes cyclables pour faire un footing, même si j’ai entamé depuis plus d’un mois une grève du sport... une grève dure du sport.

-        Je me rappelle avec plaisir ces moments entre copines, autour d’une bière, 2 bières,... bon, de quelques bières au café de la Paix, qui n’a pas changé depuis les années lycée.

-        Je mords dans les tartines délicieusement grillées du dimanche matin en écoutant la radio ET Le Lapin. Ses inquiétudes pour trouver le cadeau de Saint-Valentin à sa copine de 9 ans 1/2.

-        Je répète en pouffant les expressions de monsieurlexmari.

-        Je note dans mon carnet les émissions à podcaster, les expos à ne pas louper, les musiques de pub à retrouver, les horaires du ciné, les mots désuets et les citations préférées.

Ma vie comme une robe à paillettes, comme une humeur qui se colle à la couleur du jour, bouge comme une envie, sensible à l’impression du moment, qui reste dans un coin de la tête, presque rafraîchissante, pleine de surprises finalement.